Interview avec Kate, adminstratrice de shopnames.com - février 2008

1. Le site shopnames.com propose des domaines essentiellement anglophones et francophones en .com, mais également des noms premiums dans d'autres extensions (.us, .be, .in, etc.). Quelles tendances observez-vous par rapport aux préférences des acheteurs par rapport à ces différentes extensions et langues ?

L’activité de shopnames.com est triple : vente de noms de domaine, achat et brokerage.
Nous acquérons des noms en .com et aussi dans une bonne vingtaine d’extensions nationales (ccTLDs), parce que c’est bien de diversifier et que les extensions nationales sont très intéressantes. Seule une partie de notre portefeuille est disponible à la vente car nous développons aussi et nous avons d’autres activités Internet. Régulièrement, nous retirons des noms de la vente pour les mettre en développement. En fait nous sommes notre propre meilleur client. Mais shopnames.com n’est pas un major player sur le marché, loin de là. Le volume de ventes est modeste et sans prétentions.
Sans surprise le .com est ce qui se vend le mieux. Pour les extensions que je qualifierais d’émergentes comme .us ou .in, elles ne sont pas encore assez mûres. Il existe une demande mais les utilisateurs finaux ne sont généralement pas prêts à payer des montants importants. Je considère donc ces extensions comme de bons investissements mais à long terme et avec une liquidité assez faible pour l'instant. Nous avons souvent des contacts avec des domainers/investisseurs et leurs attentes sont différentes de celles d'un end user par exemple, notamment en matière de prix.

2. Quelle est l'attractivité du.be sur le marché secondaire des noms de domaine ? Observe-t-on des tendances similaires dans les communautés wallones et flamandes ?

C’est un marché relativement petit mais le TLD est complètement libéralisé depuis un bon nombre d’années. C’est une extension qui est bien implantée. Néanmoins le taux de pénétration reste moins important que le .nl (1 nom pour 6 habitants) ou le .de (environ 1 nom pour 7 habitants).
Il existe un second marché pour le .be mais il est limité, en comparaison à  des extensions fortes comme .co.uk ou .de. Par exemple, j'ai vendu un .be à deux lettres pour $1000.
Je ne me sens pas assez qualifiée pour parler des différences régionales. Ceci dit, la Belgique étant un pays bilingue il me semble indiqué d’enregistrer des noms aussi bien en neerlandais qu’en français (l’idéal serait d’avoir la paire, ce qui permet de couvrir tout le pays).
C’est une extension qui mérite qu’on s’y intéresse, comme la plupart des extensions européennes, parce qu’elles sont populaires dans leurs pays respectifs et qu’il existe un marché local. A côté des "stars" que sont .de et .co.uk,  il y a beaucoup d'autres extensions intéressantes comme .es, .nl, .fr ou .ch.
En revanche il est préférable d’avoir des connaissances linguistiques et idéalement une connaissance du marché local. Ainsi, les mots anglais n’auront-ils pas beaucoup d’attrait dans une extension où l’anglais n’est pas la langue nationale. A l’exception bien sûr des mots courants que tout le monde comprend comme job, work, easy, news, etc.
Il arrive souvent que des domainers enregistrent de noms qui ne collent pas avec l’extension, par exemple enregistrer des .co.uk avec des keywords comme ’real estate’. Mais les Britanniques n’utilisent pas ce genre de terme, ils utiliseront plutôt ‘homes’ ou ‘properties’.
Un autre piège consiste à enregistrer des noms évoquant des concepts inconnus dans le pays cible. Par exemple, un nom tel que creditreport.fr n'aurait guère de sens.

 

3. L'arrivée d'une nouvelle génération de domaineurs francophones, souvent âgés d'une vingtaine d'années et venant de l'édition de sites, a fait (ré)émerger de nouvelles questions de fond. Leur recommandes-tu de développer leur noms de domaine ou les parker ? Doivent-ils miser sur l'enregistrement de nouveaux domaines et domaines expirés ou bien sur reporter sur l'achat sur le marché secondaire ? 

Il y a diverses facettes au domaining : le parking pour le revenu, l’acquisition de noms pour les développer, le dropcatching, la revente de noms, etc. On peut très bien jouer sur plusieurs tableaux à la fois, selon ses affinités propres.

Développer est une bonne chose, à condition de pouvoir faire un développement de qualité, ou avoir une idée business originale. Je n'ai jamais été partisane de la création de minisites Adsense avec du contenu dérobé ça et là sur des banques d'articles gratuits. A mon avis, cela reste une forme de parking plus ou moins améliorée, et l'intérêt est relativement faible pour l'internaute.
Il faut dire que ces sites sont rarement époustouflants et du contenu qui n'est pas unique/original ne va sans doute pas faire des merveilles pour le SEO.

Le parking existe justement parce que les domainers ne sont pas tous de bons webmasters, c'est la solution de facilité. En tous cas, il vaut mieux parker les noms qui ne sont pas exploités plutôt que les laisser inactifs. Cela permet de mesurer le trafic naturel et éventuellement d'amortir les frais d'enregistrements avec les clicks récoltés. Mais il y a assez peu de domainers qui peuvent vivre des revenus du parking, pour cela il faut détenir un portefeuille au-dessus de la moyenne.

Le second marché et les noms expirés restent une source privilégiée pour acquérir des noms à fort potentiel mais cela suppose d’avoir un budget.
Les noms expirés de qualité que l'on peut trouver sur Snapnames ou Namejet par exemple se cèdent souvent à des prix élevés car les enchères rassemblent souvent des dizaines de personnes en concurrence, et il y a des investisseurs qui semblent avoir des budgets presque illimités.

Mais sur les dizaines de milliers de noms qui expirent chaque jour, il y a aussi des noms décents qui passent inaperçus. Pour donner un exemple concret, j'ai obtenu récemment les noms expirés suivants à bon prix (de l'ordre de $60) car sans aucune concurrence, et ce sont juste les noms francophones: nouveauvisage.com, viefacile.com, videorencontre.com, gardeducorps.com. Je compile mes propres listes et tous les jours je passe en revue des milliers de noms. Il est vrai que c'est un peu comme chercher la perle rare. C'est un jeu de patience.

Pour ceux qui ne disposent pas d’une grosse mise de départ et préférent se tourner vers l’enregistrement de noms disponibles je suggère d'explorer les ccTLDs.
Je connais plusieurs domainers européens qui se sont spécialisés dans leur propre extension et se sont constitué de beaux portefeuilles de génériques. L’avantage des ccTLDs, c’est qu’il y a moins de concurrence et que ce sont des marchés moins saturés que .com.  En revanche on n’a pas accès aux fichiers de zone et le dropcatching de ccTLDs reste une activité confidentielle.
Pourtant les opportunités sont importantes. Il est vrai que les ventes de ccTLDs restent modestes par rapport à .com, mais des keywords premium dans une extension solide comme .de ou .co.uk se vendent régulièrement pour des montants  qui sont conséquents. Cette semaine cruises.co.uk s'est vendu pour £560,000 ce qui équivaut à environ 750,000 euros.

Pour les Français je recommanderais vivement d'investir dans la zone .fr.
Avec l’assouplissement des restrictions le .fr va se développer rapidement, d’autant que l’extension est en retard par rapport aux autres extensions européennes.
En tous cas, les chiffres montrent une progression rapide. D’ailleurs on ne trouve quasi plus un seul LLL.fr disponible aujourd’hui. C'est vrai aussi pour le .es libéralisé en 2005. Je pense que le .fr va connaître une évolution parallèle à .es, avec une croissance importante et que le second marché va se développer également.

En bref, je dirais que le domaining est une activité qui ne connaît pas la déprime, et contrairement à ce que l'on dit, il n'est pas trop tard pour se lancer. Le goldrush du milieu des années 1990 est fini évidemment mais il existe toujours des opportunités à saisir.

Même si .com reste le gold standard, je suis également adepte des ccTLDs et à mon avis les domainers ne leur accordent pas encore l'attention qu'ils méritent. La diversification a du bon en tout, et tout naturellement les domainers vont se tourner de plus en plus vers les marchés encore peu explorés. Mais je pense qu'il faut se limiter aux extensions de pays développés, ou ceux où il y a un potentiel de croissance. A noter que beaucoup d'extensions sont libéralisées à l'heure actuelle. Les extensions exotiques n'offrent guère de perspectives autres que le développement. Je déconseille évidemment l'utilisation de ccTLDs comme domain hacks (exemple: fromag.es), en tous cas à titre d'investissement.

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